Avril 2020
Chers collègues retraités du monde entier,
En tant que direction collective de la seule organisation mondiale qui existe aujourd'hui pour retraités au sein de l'Union Internationale des Syndicats et autres Organisations Classistes, affiliée à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), nous nous adressons à tous les retraités. En cette période critique de la pandémie pour la classe ouvrière, les peuples, les retraités et les pensionnés, nous considérons qu'il est nécessaire et approprié de vous contacter. Les moments difficiles que nous traversons constituent une autre épreuve pour les travailleurs, car nos vies sont en grand danger. Dans le monde, nous comptons déjà des millions de personnes touchées par la pandémie, ainsi que des centaines de milliers de morts, jusqu'à présent, sans même savoir comment les choses vont se passer.
En cette période particulièrement difficile, nous devons protéger nous-mêmes et ceux qui nous entourent, car si nous ne le faisons pas, personne d'autre ne peut nous protéger. Le déclenchement de la pandémie, sa propagation rapide et ses effets profonds sur la vie humaine - en particulier dans les économies capitalistes les plus développées - ont fait émerger des problèmes explosifs qui existaient avant sa manifestation, mais qui sont maintenant devenus tragiquement évidents.
La pandémie a brisé de nombreux mythes du système capitaliste, notamment en ce qui concerne les systèmes de santé nationaux "forts". La vérité est que dans ce système d'exploitation pourri, puisque tout est soumis à la logique de la rentabilité, le bien social de la santé publique est jeté dans la fosse des lions de la commercialisation, en écrasant ses structures publiques au profit d'intérêts privés. Les capitalistes du monde entier, les gouvernements et leurs médias affiliés nous disent qu'en ce moment "nous avons besoin de l'unité nationale parce que nous combattons un ennemi invisible au-delà des classes sociales. Le virus ne fait pas de distinction entre le sexe, le revenu, la race et la nation". Dès l’apparition du COVID-19 cette propagande a dominé le monde entier de diverses manières.
Par exemple, un employé qui va toujours travailler dans ces conditions, afin de ne pas perdre le salaire journalier et qui est empilé dans les moyens de transports ou sur le lieu de travail, est plus susceptible d'attraper le virus, par rapport au grand employeur, qui peut suivre l'évolution de sa rentabilité ainsi que de la pandémie à distance de sécurité, dans un chalet de luxe, à plusieurs kilometers de distance. Mais même s'ils tombent malades, ces deux-là auront-ils le même accès au système de santé commercialisé et privatisé? Sont-ils tous égaux face aux effets de la pandémie? Bien sûr que non!
Aujourd'hui, il est incontestable que la santé du peuple, son soin, sa protection et sa sécurité sont incompatibles avec le profit capitaliste, le capital avide, le mode de production capitaliste. Par conséquent, soit des solutions seront imposées en fonction des besoins réels du peuple, soit le peuple en souffrira. Le peuple vivra dans des conditions misérables, payant constamment de ses maigres ressources, de sorte qu’un petit nombre de capitalistes “élus” en profitent. C'est la raison pour laquelle maintenant, nous ne resterons pas muets face à ceux qui utilisent la pandémie comme une occasion de charger sur nos épaules une fois de plus la nouvelle crise capitaliste. Il est crucial pour nous, le peuple, non seulement de sortir de nos maisons une fois la pandémie terminée, mais aussi de se mettre à l’avant. Ne pas payer non plus pour cette crise. Pointer correctement contre l'ennemi visible, le danger véritable pour tous les peuples du monde, qui est le capitalisme à son plus haut niveau; l’impérialisme!
Il est utile de savoir que ce que nous éprouvons aujourd'hui ne sera pas une courte parenthèse. Nous n’allons pas régresser où nous étions avant que les mesures de la pandémie ne soient prises. Le danger pour le peuple ne se limite pas à la pandémie. Il s'étend à la grande vague de pauvreté, de chômage et de l'effondrement des droits des travailleurs et des retraités à la sécurité sociale, provoquée par l'attaque capitaliste contre les hommes, les femmes, la jeunesse sous l’excuse de cette nouvelle crise, une autre crise du grand nombre que le capitalisme connaît avant sa destruction (comme l'avait prédit Carl Marx). Après tout, même les organisations impérialistes les plus importantes (OCDE, FMI, etc.) l'admettent. Ils prévoient que la profondeur et la durée de la nouvelle crise seront supérieures à celles de 2008-2009. Ils l'ont déjà dit lors de la réunion de Davos en janvier. Nous comptons déjà des millions de chômeurs dans les métropoles du capitalisme et même dans les petits pays.
Les développements internationaux sont rapides. L'avenir de la zone euro devient de plus en plus incertain. Les grands centres du capitalisme, les États-Unis et l'Union Européenne, perdent constamment leur prestige supposé, l'exemple le plus notable étant les carences en santé publique et le manque de coordination au niveau européen, puisque la santé publique n'est pas non plus à l'abri des intérêts contradictoires dans chacun de ses États membres. Naturellement, l'UE a été créée pour augmenter les profits des multinationales qui la contrôlent et non pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens. Même les affrontements entre les centres impérialistes sur lesquels des monopoles renommés découvriront d'abord le médicament ou le vaccin contre la pandémie pour assurer plus de profits, montrent la barbarie du capitalisme. De plus, de nombreuses forces politiques bourgeoises, dirigées par les sociaux-démocrates mais pas seulement, projettent de "nouvelles solutions de sauvetage" en se rendant compte que le mécontentement populaire va augmenter. Ils tentent de convaincre le peuple qu'il sera sauvé par des interventions majeures de l'État, ou par un retour au keynésianisme ou par la circulation des euro-obligations dans l'UE. Cependant, ces fameuses "armes modernes" de toutes sortes de gouvernements du système capitaliste et des banques centrales deviennent rapidement des "frondes" incapables d'arrêter la manifestation de la nouvelle crise internationale.
La vérité est que l'intervention de l'État bourgeois, plus ou moins, sert toujours les intérêts du capital au détriment du peuple. L'augmentation des dépenses publiques d'aujourd'hui et les nouveaux prêts offerts aux grands groupes monopolistiques seront à nouveau payés par la classe ouvrière. Le peuple sera une nouvelle fois appelé à se serrer la ceinture et à porter le poids pour que la rentabilité du capital puisse rapidement se redresser afin, bien entendu, de soutenir de nouveaux investissements privés dans différents secteurs tandis que moins en moins de gens continuent à ramasser les richesses. La raison pour laquelle la politique budgétaire et monétaire expansionniste est choisie aujourd'hui par les principaux politiciens conservateurs en Europe et aux États-Unis est qu'elle répond aux nouveaux besoins du capital, dans des conditions de forte contraction de la production et de la consommation alors que de nombreux groupes bancaires sont incapables de jouer leur rôle (ceux qui sont supposés aider l'économie à bien fonctionner, car en fait, les banques privées n'existent - tout comme entreprises privées - que pour augmenter les grands bénéfices de leurs propriétaires).
Cependant, les nouveaux prêts offerts par les gouvernements, le report des paiements d'impôts, l'apport de liquidité par les banques centrales, ne peuvent pas annuler le déclenchement de la nouvelle crise, qui n’est qu’une des crises circulaires et structurelles du capitalisme, car ils n'éliminent pas sa cause la plus profonde. Autrement dit, la grande taille du capital sur-accumulé, qui ne peut pas être investi aujourd'hui avec une marge bénéficiaire satisfaisante au sein du système capitaliste qui perd ses pouvoirs. Ceci est confirmé par le ralentissement de l'économie internationale avant l'émergence de la pandémie de COVID-19, des États lourdement endettés et des groupes bancaires en difficulté. Cette réalité a déjà été annoncée par des économistes favorables au capitalisme et a été analysée lors de la réunion de Davos mentionnée ci-dessus. La pandémie n'a pas créé mais accéléré de façon spectaculaire ce processus vers une nouvelle crise de l'économie capitaliste. La vérité est qu'il n'y a pas de solution magique à la crise dans le cadre du système.
Les développements de cette période sont instructifs. Ils révèlent que derrière les slogans illusoires de "solidarité européenne" et "valeurs européennes" se cache la concurrence acharnée de la bourgeoisie qui constitue l'alliance impérialiste de l'UE. Cette concurrence se renforce au fur et à mesure que les intérêts dans le cœur de la Zone Euro entre l’Allemagne la France et l’Italie s’écartent, en raison de la manifestation inégale de la crise et de ses conséquences.
A ce stade, chaque bourgeoisie examine le coût d'un "conflit frontal" qui pourrait déstabiliser la cohésion de la Zone Euro et ses alternatives. En particulier, le système politique bourgeois allemand examine les conséquences d’une possible déstabilisation de la zone euro après le Brexit et à mesure que la concurrence de l'Allemagne avec les États-Unis et la Chine s'intensifie, afin de déterminer ses prochaines étapes et les compromis nécessaires.
Avant tout, les développements dissipent le mythe selon lequel l'UE pourrait être un bouclier pour les peuples contre la crise. Toutes les négociations et contradictions susmentionnées montrent que le peuple paiera à nouveau la crise. Avec ou sans euro-obligations, des politiques antipopulaires à long terme sont proposées aux salariés. Ces développements seront utilisés comme une opportunité d'augmenter le degré d'exploitation, d'élargir les relations de travail flexibles, de rendre la main-d'œuvre encore moins chère. C’est le peuple qui paie constamment, tant en période de crise capitaliste que de croissance. Seul le peuple, dirigé par la classe ouvrière, peut apporter des solutions à son avantage.
Aujourd'hui encore, 30 ans après la contre-révolution dans l’Union Soviétique et dans les pays socialistes, il reste des traces des conquêtes du socialisme dans ces pays. Ces conquêtes ont également eu un effet positif sur les peuples des pays capitalistes qui, par leur lutte, ont forcé leurs gouvernements à prendre des mesures positives. L'envoi de médecins de Cuba “isolée” vers l'Italie et autres pays, les infrastructures de santé dans des pays comme l'Allemagne, qui pendant la période du socialisme de la République Populaire Allemande a dû améliorer ses unités de santé, même la façon de gérer la pandémie dans la Chine capitaliste d’aujourd'hui, révèle des vestiges socialistes. Mais en même temps, les gouvernements bourgeois (indépendamment de la façon dont ils sont politiquement redéfinis, néolibéraux, sociaux-démocrates, de gauche), dépensent des centaines de milliards de dollars pour les armes de l'OTAN et d'autres organisations impérialistes pour servir à des nombreux guerres qui ont lieu autour du monde, pour les interventions et les exclusions de pays, ou pour la paix impérialiste qu'ils imposent avec le pistolet sur le temple des peuples. Utilisant de l'argent qui provient du travail de milliards de travailleurs qui leur permettrait d'avoir une bonne santé, des écoles, des structures sociales, des maisons, des centres de réadaptation, des maisons de soins infirmiers, de l'approvisionnement en eau, des pensions et bien plus encore.
Mais aujourd'hui, malheureusement, cette puissance rivale n'existe pas. Le peuple doit cependant sortir de cette crise avec plus d'expérience car les immenses impasses du système d'exploitation actuel deviennent encore plus évidentes. C'est à nous les retraités et les travailleurs, hommes et femmes, d'organiser la lutte, de former notre propre alliance sociale. Pour répondre puissamment qui est finalement celui qui produit cette énorme richesse et où se trouvent-elles les ressources financières détenues par quelques-uns. L'utilisation et la promotion de nombreuses formes de lutte, qui sont quelquefois nouvelles, dans ces conditions de répression particulières, est une condition clé pour la préparation de la contre-attaque populaire avec une plus grande intensité à partir d'aujourd'hui. La promotion des revendications des mesures d'allègement pour les employés des secteurs privé et public, pour les professionnels indépendants, les artisans, les commerçants, les scientifiques indépendants, les agriculteurs, les femmes, les enfants des familles populaires et en particulier les retraités (en tant que groupe à haut risque), pour la protection de la santé publique, l'éducation, la culture, pour la restauration des droits et des libertés démocratiques, pour l'abolition des lois restreignant le syndicalisme et l'action politique, pour la restriction de l'intensification de la répression, revendications qui sont directement liées à la révélation des causes et des grandes responsabilités du capital afin de contraindre la capital d'assumer le poids de cette nouvelle crise plutôt que la classe ouvrière et les couches populaires. Exigeant l'abolition simultanée de toutes les mesures antipopulaires, nous nous battons pour empêcher le peuple de tomber dans le piège de l'attente. Aujourd'hui, l'attaque capitaliste se déroule encore plus. Aujourd'hui, il y a un lavage de cerveau par les médias pour discipliner passivement les travailleurs dans les mesures antipopulaires bourgeoises. Aujourd'hui, ils essaient de nous convaincre que nous combattons tous ensemble contre "l'ennemi invisible".
Les derniers développements ont mis en lumière la faillite historique du système capitaliste décomposé, comme l'avait déjà prédit Marx. Ceci est l'ennemi visible. Il annule les grandes possibilités scientifiques et technologiques qui existent aujourd'hui pour vivre en sécurité. Les peuples ne sont pas destinés à mourir parce qu'il n'y a pas assez d'unités de soins intensifs, de lits, de médecins, d'infirmières, de respirateurs ou parce qu'il faut choisir quel patient vivra et qui mourra. Dans le même temps, des milliers de médecins et d'infirmières sont au chômage et ne sont pas embauchés, tandis que les groupes privés ne sont pas affectés en termes de rentabilité. Les crises économiques, le chômage et la pauvreté ne sont pas naturels. Nous pouvons vivre sans l'insécurité quotidienne de savoir si nous aurons un emploi le lendemain, si nous serons en mesure d'assurer l'éducation de nos enfants et les médicaments de la famille, si nous aurons des pensions.
Les syndicats jaunes du monde entier soumettent tous ces besoins aux exigences de rentabilité du capital. Ouvertement et non secrètement dans toutes les réunions internationales ou nationales avec les employeurs ou à chaque occasion à travers les processus de dialogue social ou de corporatisme social, ils deviennent les piliers des capitalistes pour exploiter davantage les travailleurs plus vigoureusement.
En revanche, selon le programme de réclamations de la FSM, le mouvement des retraités dans le monde avance des revendications pour les personnes retirées du marché de travail selon les besoins réels des retraités et en fonction de la richesse qu'ils ont produite dans leur vie professionnelle pour répondre à leurs besoins modernes et non aux besoins du capital et des banquiers. Cette richesse que les travailleurs continuent de produire sans cesse.
Sur cette base, nous revendiquons:
· Avoir droit à une pension et que une pension soit accordée de manière obligatoire à tous les employés dans le monde.
· Tous les systèmes de sécurité sociale dans le monde devraient être exclusivement publics, financés par l'État et les employeurs destinés à couvrir les besoins des retraités.
· Réduction des limites d'âge de départ à la retraite pour tous les employés, avec des limites encore plus basses pour les femmes.
· Des pensions décentes qui répondent à nos besoins et qui ne fonctionnent pas comme des prestations de pauvreté.
· Foyers de soins publics modernes avec équipement et personnel appropriés.
· Renforcement des programmes d'aide à domicile pour les patients ou ceux qui sont incapables de prendre soin d'eux-mêmes.
· Hôpitaux publics modernes équipés de matériel médical, avec in nombre adéquat de lits et de lits dans les unités de soins intensifs.
· Unités de santé primaire, unités de médecine préventive, avec un personnel médical et infirmier adéquat. Tous les frais pour les patients et les médicaments doivent être gratuits.
· Des programmes gratuits pour le traitement des patients nécessitant une cure thermale ou d'autres formes de traitement.
· Des programmes culturels gratuits pour les représentations théâtrales.
· Accès assuré à l'eau potable dans les pays qui en ont besoin.
Aujourd'hui face à la barbarie et aux impasses du capitalisme, il s'avère à nouveau que le socialisme est nécessaire et opportun. Aujourd'hui, tout le monde parle des héros invisibles qui se battent en première ligne, des médecins, des infirmières, des autres employés du système de santé (nettoyeurs, personnel de cuisine, transporteurs, etc.), des travailleurs aux supermarchés, au secteur de l'énergie, des télécommunications et des transports. Ces héros invisibles qui produisent de la richesse, qui maintiennent la société à flot, seront libérés par le socialisme des entraves de l'esclavage salarié. Dans le socialisme, le travailleur jouera un rôle actif dans la prise de décisions, la mise en œuvre et le contrôle des décisions.
Les forces productives seront libérées, car le but de la production sera désormais les besoins de la société et non le profit capitaliste. Dans ce terrain solide de propriété sociale, la planification scientifique centrale de la production mettra les crises à distance. La coopération internationale interdisciplinaire sera renforcée pour la production rapide de vaccins et de médicaments, car les réalisations scientifiques ne seront plus une arme et une marchandise dans la concurrence des groupes de monopoles.
En ces temps difficiles pour les peuples, nous avons un devoir historique pour nous-mêmes et nos enfants de rester droits et en bonne santé physique et mentale, de contribuer avec notre lutte et notre expérience afin de vaincre le véritable coupable de la misère des peuples qui n'est pas autre que le capitalisme lui-même.
Avec des salutations chaleureuses classistes,
La Direction Collective de la UIS des Retraités de la FSM