DISCOURS des Pensionnés et Retraités DEVANT la 103 Conférence du BIT (Bureau Internationale du Travail)
DISCOURS des Pensionnés et Retraités
DEVANT la 103 Conférence du BIT (Bureau Internationale du Travail)
Je parle au nom des centaines de millions de retraités et pensionnés
qu’il y a aujourd’hui dans le monde. Une partie importante de ceux-ci
est organisée dans des syndicats de classe ou dans des associations
spécifiques qui reconnaissent le capitalisme comme le grand ennemi
de l’humanité.
Je ne m’étendrais pas pour démontrer cette caractéristique du
capitalisme, mais je vous assure que dans une dizaine d’années, nous
pourrons construire un musée des horreurs commises par le
capitalisme. Horreurs à ne pas reproduire, comme nous ne devons pas
reproduire les horreurs de l’esclavage.
Le capitalisme est quatre choses à la fois :
1) l’exploitation des personnes «pour voler les plus-values que génère
leur travail, comme nous l’expliquent bien les textes de Karl Marx, c’est
l’esclavage actuel
2) la spoliation des richesses des pays ne faisant pas partie de l’OTAN
«qui est la nouvelle armée mondiale colonisatrice »
3) l’encouragement des inégalités entre les individus «triompher dans
la vie pour les pro-capitalistes, c’est enfoncer ou détruire les
concurrents»
4) l'augmentation des inégalités qui continue à s'accentuer en
confirmant l'injustice que comporte ce système économique en crise
systémique et structurelle.
De même qu’à Dakar, Sénégal, il existe un musée des horreurs de
l’esclavage, il existera plus vite qu’on ne le cro it (comme le disait
Allende) un musée des horreurs du capitalisme où apparaîtront les
noms de nombreux gouvernants et de nombreuses entreprises, afin
que ne se répètent jamais les décisions qu’ils ont prises ou qu’ils vont
prendre (un exemple : ce qui s‘est passé, il y a un an, dans le textile au
Bangladesh)
En tenant compte de ce que je viens de dire, je vais expliquer la réalité
de ce que vivent les pensionnés et retraités. Plusieurs collectifs, qui
parfois se sont regroupés en un seul, reçoivent une pension minimale
(privée ou publique) pour compenser leur incapacité à travailler, soit
pour cause de maladie, d’accident ou pour leur âge. C’est un droit des
personnes qui devrait devenir rapidement un droit humain universel.
Des 7 milliards de personnes qui vivent sur la planète terre, près de
20% sont des pensionnés ou des retraités, un pourcentage très élevé
de ceux-ci remplissent les conditions pour l’être mais ne sont pas
reconnus.
Le manque de reconnaissance est due à trois causes :
1) plusieurs maladies ne sont pas reconnues comme invalidantes,
partiellement ou totalement, pour pouvoir travailler
2 ) ne sont pas reconnus, comme ouvrant le droit à une pension,
beaucoup de cas de blessures accidentelles (une part importante
provient des accidents du travail, qui pourraient être évités si les
patrons mettaient de l’argent dans la prévention au lieu de privilégier
leurs bénéfices égoïstes)
3) il y a beaucoup de pays où il n’y a pas d’âge légal pour partir en
retraite, âge qui permet d’avoir des droits pour vivre sans travailler
(que l’on ait cotisé ou non, j’entends par là ceux qui ont été victimes du
chômage, contre leur volonté durant leur vie de travailleur, on ne doit
pas subir de pénalisations supplémentaires avec une diminution des
droits à une pension permettant de vivre dignement).
Ils prétendent, depuis le Canada jusqu'en Espagne, en passant par
l’Asie et d’autres lieux, qu’il n’y a pas d’argent pour payer les pensions.
Que les réserves ou les fonds créés pour elles vont s’épuiser avec
l’augmentation de l’espérance de vie, ainsi que d’autres arguments.
Ceux qui affirment, gouvernements et représentants des
multinationales financières (comme le FMI), trouvent cependant de
l’argent pour continuer chaque année à augmenter de façon
astronomique, leurs salaires, leurs pensions, les dépenses militaires et
d’autres parties des budgets publics qui provoquent (en plus des
énormes bénéfices privés) destruction et mort, à la place du bien être
pour les peuples.
De plus, sur la planète, il y a abondance d’argent comme le démontre
les chiffres publiquement connus : 85 personnes sur la planète, qui
tiendraient dans un petit coin de cette salle, possèdent plus d’argent
que plus de la moitié des habitants du monde, plus d’argent que 3,5
milliards de personnes. Ça veut dire que chacune de ces 85
personnes riches possède, en moyenne, l’équivalent en richesse à
dépenser, que plus que 41 millions de personnes pauvres. Oui, vous
avez bien compris, une seule personne possède individuellement plus
que 41 millions de personnes.
C’est un problème de répartition injuste des richesses. Je n’ai pas dit
mauvaise répartition, c’est la répartition que le système capitaliste
perpétue. Il est clair que de l’argent il y en a, une autre forme de
répartition est possible.
Les pensionnés et retraités de la planète réclament qu’une juste
redistribution des richesses se réalise rapidement. Non seulement
parce que la plupart d’entre nous a moins d’espérance de vie que les
plus jeunes d’aujourd’hui, mais aussi parce que nous sommes
convaincus que les personnes plus âgées apportent une contribution
complémentaire à la société à partir de leur expérience et leur sagesse
accumulées. L’histoire de l’humanité est pleine d’exemples de ceux
que nous appelons les anciens et qui ont été un élément clé pour que
perdure l’espèce humaine; ils ont été et demeurent les personnes les
plus respectées dans de nombreuses cultures.
Nous devons garantir que, ces personnes, les pensionnés et retraités
(jetables pour le système capitaliste pour improductivité), puissent
avoir une vie digne, c’est-à-dire une vie où ils ont des garanties: eau
potable, nourriture, logement, santé, continuité dans la formation
intellectuelle, loisirs et transport, dans leur milieu de vie. Aujourd’hui,
pour beaucoup, ces droits ne sont pas garantis, pour plus de la moitié
de la population mondiale en général et encore moins pour les
personnes d’âge avancé. Pour eux, la FSM place ces revendications
dans sa journée internationaliste d’action mondiale coordonnée (ayant
lieu chaque année le 3 octobre).
L’Union Internationale des Syndicats de Pensionnés et Retraités, dont
le secrétaire général fut élu lors du congrès mondial qui s’est tenu à
Barcelone en février dernier, avec la participation de délégués venus
des 5 continents, réclame que le droit à une pension publique à partir
de 60 ans, permettant une vie digne et couvrant les besoins de base
cités précédemment, soit universel.
Nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’a dit publiquement, au
Sénégal lors d’un séminaire de formation syndicale, la représentante
de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans ces territoires;
elle a dit textuellement, sans rougir, que les anciens n’ont pas besoin
de percevoir une pension, du fait que la solidarité ancestrale africaine
assure que les enfants et petits-enfants s’occuperont de leurs parents.
Le droit de ne dépendre, ni de sa famille, ni de personne, est un droit
basique qu’aujourd’hui nous pouvons réclamer comme un droit
individuel pour tous les peuples de la planète.
C’est le droit que moi, au nom de l’unique organisation mondiale des
pensionnés et retraités existante aujourd’hui, je réclame ici pour les
membres de ce collectif du monde entier.
Quim Boix
CP, Conseil Présidentiel
Secrétaire General de l’UIS (Union International de Syndicats)
des Pensionnés et Retraités (PeR) de la
FSM, Fédération Syndicale Mondial
http://www.wftucentral.org/?language=fr
http://www.pensionistas.info/web/fr