Analyse des documents de la OIT
L’année précédente, nous avons pris la parole au 109e Congrès et l’une de nos conclusions a été de nous concentrer sur la différence que nous avons observée entre le texte et le sous-texte des documents de l’OIT et la confusion qui en résulte lorsque le texte est accepté sans analyser le sous-texte.
Cette année, nous voulons mettre l’accent sur cette question qui, selon nous, est essentielle pour le débat lors de congrès qui ont des répercussions internationales.
La méthode que nous allons utiliser est l’analyse de ce texte et de ce sous-texte dans un document concret et de contenu que l’OIT a publié le 29 avril 2022.
Le document susmentionné s’intitule :
L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le monde du travail dans les situations de fragilité, de conflit et de catastrophe
Voir sur: https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/documents/publication...
Genre – sexe
Le concept de genre, inventé dans les études féministes comme un outil pour discerner comment la société patriarcale attribue des rôles et des stéréotypes aux sexes et établit ensuite une hiérarchie sexuelle justifiée dans ces affectations, est utilisé dans le sous-texte, tout au long des 11 occurrences du terme identité, pour confondre la nécessité d’abolir le genre avec le désir de le choisir et de transformer ce désir en loi.
Résilience - Endurance
Le terme résilience prend une grande pertinence dans le document, comme en témoignent ses 114 occurrences. Mais sa définition dans le glossaire est prudente de ne pas utiliser le synonyme endurance. Dans les situations de fragilité, de conflit et de catastrophe, il est très important que la population perdure stoïquement, ce qui fait partie des « vertus » que le patriarcat exige des « bonnes femmes » et qu’il documenteou répète inlassablement si nécessaire dans les situations de crise. Crises systémiques provoquées par le Patriarcado Capitalista (Guerres, Climat, Economie, Politique) lui-même.
La paix – des morts ?
Cette résilience, cette endurance stoïque dans les crises, freine les risques d’explosion sociale et contribue donc à maintenir une « paix hypocrite »
Autonomisation – émancipation collective
Par rapport aux 92 occurrences du terme autonomisation, il n’y a aucune occurrence du terme émancipation. On peut difficilement défendre que l’objectif du document est l’émancipation collective des femmes, mais qu’il prône plutôt un concept cher au néolibéralisme, l’individualisme sous forme d’autonomisation personnelle et individuelle.
Fragilité – inégalité, contradiction capitaliste
Les situations de fragilité sont accentuées pour les groupes les plus vulnérables, qui doivent leur existence aux inégalités de genre et de classe qui sont inévitables dans le patriarcat capitaliste, puisque ces inégalités découlent des contradictions du système.
Conflit – impérialisme
Il est impossible d’éviter des conflits guerriers dans un système patriarcal capitaliste dans sa phase impérialiste. Non seulement c’est impossible, mais c’est cette phase qui les provoque. Mais le document ne mentionne pas le concept d’impérialisme même une seule fois, par rapport aux 246 fois où il mentionne le conflit.
Catastrophes – industrie capitaliste
Le document ne traite pas non plus de la mise en relation des catastrophes, qu’il mentionne 201 fois, avec l’industrialisation du système économique, qu’il ne mentionne que 3 fois indirectement. Les conséquences du changement climatique semblent être préoccupantes, mais pas ses causes profondes.
Reconstruction – accumulation
Il ne relie pas non plus le processus de reconstruction des zones de conflit ou de catastrophe aux grands avantages que le grand capital tire de ces reconstructions. Les deux termes apparaissent 11 fois, mais lorsqu’on parle d’avantages, ils ne se réfèrent pas à ceux mentionnés ci-dessus, mais aux avantages qui peuvent être obtenus en termes d’égalité des sexes si le recouvrement impose cette condition.
Conditions – esclavage
Outre la condition susmentionnée, on sait que les conditions de la reconstruction passent par l’octroi de prêts qui endettent dangereusement les zones à reconstruire et les soumettent à des critères économiques et politiques qui aboutissent à l’asservissement pratique de leur population active.
Analyse libérale – Analyse socialiste
Avec ce qui a été vu jusqu’à présent, il est clair que l’analyse de ce document est une analyse libérale, qui vise à préserver le système, à apporter des changements pour le maintenir, c’est-à-dire le développement durable. Loin d’une analyse socialiste qui chercherait une transformation sociale dans laquelle les inégalités, l’exploitation et les crises n’auraient pas leur place
Évaluations économiques – évaluations sociales
Il est perçu dans le document que la recommandation des évaluations économiques prime sur l’évaluation sociale, qui tente des interventions qui sont acceptées et qui atténuent les effets des interventions impérialistes. Il ne défend pas du tout une révolution sociale qui mette fin à la cause de toutes les crises : le PATRIARCAT CAPITALISTE.